Du premier jour d’une start-up à la série A, comme vous ne l’avez jamais lu.

Thibaut Machet
25 min readMay 18, 2020

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La semaine dernière, nous avons annoncé notre levée de Série A de 10M€, menée par Balderton Capital. Cette étape importante pour le développement de PlayPlay est l’occasion de revenir sur les trois années écoulées, depuis la cuisine d’un des co-fondateurs jusqu’à la signature de la “term-sheet”.

Pour la première fois, cette histoire est racontée collectivement par tous ceux qui ont contribué au projet PlayPlay : fondateurs, employés, clients, partenaires et investisseurs.

L’équipe PlayPlay en mode confinement

De 100 emails par jour à 1 seul.

Thibaut (Co-fondateur et CEO) : j’ai toujours été attiré par l’entrepreneuriat. En 2007, j’ai monté une entreprise (izi-pass.com) pendant mes études; en 2013, j’ai aussi fondé le festival de films de football “La Lucarne”, à côté de mon job chez Eurosport. J’approchais de la trentaine et je pensais de plus en plus à me lancer dans un projet, même si je m’éclatais chez Eurosport. Il y a eu un bon timing, une idée, j’ai foncé.

Vincent (ami et CEO de Carlili) : je me souviens d’une discussion avec Thibaut, il me pitche son idée -qui n’était pas PlayPlay-, il est passionné, il croit à fond dans son projet. Il a juste un doute sur sa capacité à le mener alors que ça me saute aux yeux d’entrepreneur qu’il a la fibre, que ça suffit donc je lui dis juste “vas-y fonce, fais le, quitte Eurosport !”.

Thibaut : cette discussion a été le dernier déclencheur. Je quitte Eurosport fin 2016 en arrivant à obtenir une rupture conventionnelle…à la base mon projet n’est pas du tout de faire PlayPlay mais de lancer un média digital type “BRUT”. Finalement ça ne se fait pas…je me retrouve dans le flou…

Je repense au projet d’automatisation de vidéo qu’on avait initié avec Aurélien chez Eurosport…Je pense aussi aux “templates” Photoshop créés pour nos community managers…l’idée derrière tout ça c’était d’aider les éditeurs à créer des beaux contenus visuels en quelques minutes, sans formation à des logiciels complexes. Cette idée j’y crois et je me lance là-dessus.

Aurélien (co-fondateur, Head of Video) : Thibaut me chauffe bien sur le projet, je trouve l’idée canon, j’aimerais y participer mais quitter Eurosport me semble être une idée complètement dingue. Je m’entends super bien avec mes collègues, les projets sont passionnants, je dois notamment aller aux prochains Jeux Olympiques. Donc je travaille le soir et les week-ends pour aider Thibaut, en mode “side-project” pour commencer.

Thibaut : en janvier 2017, je travaille sur le projet seul dans ma cuisine, c’est le début. Ma boîte mail est absolument vide. Je reçois un mail par jour, alors que chez Eurosport j’en recevais des centaines. Et je me dis « peut-être que ça va rester comme ça ».

Je rencontre des gens dans les médias et on me dit “l’idée est bonne; si tu fais réellement le produit que tu décris, on pourrait l’acheter”. Cela me donne de la confiance.

Comment faire sans compétence tech ?

Thibaut : côté tech, je ne connais personne, je n’ai aucune piste de co-fondateur, et de toute façon je ne pourrais pas le payer. J’appelle Jb, mon meilleur ami, qui est associé chez Neoxia, une agence qui réunit d’excellents développeurs.

JB (Neoxia) : je savais que Thibaut se relancerait un jour dans l’entrepreneuriat, c’était sûr ! Quand il vient me voir, on lui fait une étude technique pour valider la faisabilité et un devis “tout doux” pour faire un vrai Minimum Viable Product… le minimum du minimum.

Thibaut : 11K€ je crois, c’était pas “tout doux” pour moi à l’époque car je l’ai payé de ma poche avec l’argent de la rupture co. Avec le recul, c’était pas cher en effet ! A cette occasion je rencontre Alex, qui est chez Neoxia et deviendra notre CTO quelques mois plus tard. En parallèle, je fais aussi les formalités administratives et je monte la structure.

Sébastien (Comptable et DAF part-time) : j’étais avec Thibaut au collège ! On s’était perdus de vue depuis quelques années, puis je vois un message sur Facebook, Thibaut recherche de l’aide pour la comptabilité. Banco ! Il n’avait même pas les statuts de la boîte mais il savait où il voulait aller. Depuis, on l’accompagne, chez FinancePeers, sur l’ensemble de ses sujets Finance : Compta, Part Time CFO et Financement Innovation.

Chaque client est un bond en avant

Thibaut : j’ai signé les premiers clients par mon réseau, principalement dans les médias. Je n’ai pas un énorme réseau mais je connais des gens qui en ont plus que moi (ma femme par exemple !), donc finalement j’arrive à avoir des rendez-vous. J’ai signé Le Parisien en tout premier, puis Eurosport, TF1, Canal+…

Au tout début PlayPlay c’est juste une page web, avec des “templates” (citation, breaking news, statistique…). L’utilisateur charge une photo, écrit deux phrases et l’outil génère une mini-vidéo animée et prête à poster sur les réseaux sociaux. Rustique mais efficace.

Un des tous premiers playplays, Kylian avait 18 ans…

Aurélien : derrière, moi je charbonnais pour livrer les premiers templates vidéos. Avec le recul, c’était du bricolage total. Ce qu’on fait aujourd’hui en une heure me prenait 15 jours. Je bossais comme un fou pour suivre le rythme car la semaine j’étais chez Eurosport.

Thibaut : j’ai lu que si on est 100% fiers du produit qu’on lance, c’est qu’on l’a lancé trop tard…alors je peux dire que PlayPlay on l’a lancé très tôt ! Les premiers clients sont arrivés très vite, un ou deux ou mois après qu’on ait le Minimum Viable Product (MVP). Chaque nouveau client apporte de la confiance, des revenus et des idées pour le produit…Au début, chaque client, c’est un bond en avant.

Pierre-Olivier (Eurosport) : forcément, on avait une tendresse pour le projet PlayPlay, lancé par deux anciens. Mais on n’a pas non plus pris un abonnement pour leurs beaux yeux. Leur idée était bonne bien sûr, mais ça je le savais déjà car ils avaient commencé à développer des outils (un peu) similaires pour nous quand ils étaient salariés. Sauf que d’un coup ils ont su éliminer tous les problèmes qu’on avait eus et faire un truc ultra simple et intuitif. Je n’ai pas hésité.

3 co-fondateurs réunis

Thibaut : quand j’ai signé 5–6 clients, je convaincs Aurélien de démissionner. Avec du recul il prend un sacré risque ! Merci Aurél…

Aurélien : avec Thibaut, on a eu la chance de bosser ensemble pendant des événements sportifs : Australian Open, Roland-Garros, Coupe du monde de ski…des journées marathon, peu de sommeil, beaucoup d’éclats de rire et de musique. Et sans jamais de tension entre nous. Donc je savais que ça marcherait ensemble.

Clément (co-fondateur, Head of Sales) : avec Thibaut on se connait depuis 10 ans, j’ai été son premier stagiaire chez Eurosport. Pendant des années, on a parlé de monter une boite ensemble, on a eu des dizaines d’idées mais ce n’était jamais le bon timing ou la bonne idée. J’ai finalement monté une start-up à Bruxelles qui a bien marché mais sans exploser non plus… Quand Thibaut a commencé à me parler de PlayPlay, je venais d’être racheté par Qualifio et j’étais nommé directeur de plusieurs pays. Encore une fois le timing n’était pas bon…Thibaut a insisté et à force d’en parler j’ai posé ma démission pour le rejoindre !

Aurélien : je connaissais à peine Clément. Thibaut nous a réuni dans son bar fétiche vers Montparnasse, “le Gymnase”, pour boire des bières et jouer au flipper…Les trois fondateurs étaient là.

Réseau et bouche-à-oreille

Thibaut : pour faire des rendez-vous, je continue de faire appel à mon réseau…je contacte Franck, une connaissance plus qu’un ami à l’époque…je savais qu’il avait un gros réseau dans le sport et qu’il pourrait m’aider. C’est lui qui est à l’origine du contrat avec le Crédit Agricole.

Franck (Sales Freelance) : j’avais quelques connaissances au Crédit Agricole et notamment Shervan. On a attrapé un premier rendez-vous et un premier budget pour PlayPlay qui s’avérait être le premier d’une longue série !

Shervan (ex-Crédit Agricole) : ce n’était pas un gros budget pour nous et le système de templates vidéos était très intuitif, je n’ai pas hésité. Et rapidement après quelques démos, j’ai pu embarquer facilement d’autres équipes au sein du groupe Crédit Agricole.

Alexis (Crédit Agricole) : je cherchais à produire des vidéos facilement “à la BRUT” pour illustrer des sujets complexes sur les réseaux sociaux. C’était le brief de tous les annonceurs en 2017 ! On a pris rendez-vous et en 10 minutes, j’étais convaincu que c’était eux dont j’avais besoin. On a donc signé. En très peu de temps, la solution était en place pour notre communication corporate. Et depuis je n’ai cessé de parler de PlayPlay en interne et en externe, et je crois que ça leur amené quelques clients d’ailleurs…

Thibaut : aujourd’hui, le Crédit Agricole est notre principal client. Et quand on rembobine, ça part d’une bière avec Franck, et d’une succession de mises en relation…et bien sûr d’un bon produit qui va générer du bouche-à-oreille.

Pendant près de deux ans, on a fonctionné uniquement comme ça : pas de marketing, pas de prospection “froide”, uniquement le réseau et le bouche-à-oreille. Puis, progressivement, on a commencé à recevoir des demandes de rendez-vous de gens qu’on ne connaissait pas…PlayPlay commençait à se faire un petit nom.

Un tournant : l’accélérateur de TF1 à Station F

Thibaut : mi-2017, Neoxia nous propose un petit bureau dans leurs locaux, une sorte de bocal de 8m2 je pense, on était 2, puis 3, puis 5.

Aurélien : le jour où on a signé avec l’Olympique de Marseille, on a mis “Jump” de Van Halen à fond et Thibaut s’est mis à danser sur les tables. Les gens chez Neoxia hallucinaient…il était temps de partir !

Première photo d’équipe, esprit France 98

Florence (ex-TF1) : fin 2017, je suis en charge de créer l’accélérateur de TF1 à Station F. J’enquête en interne pour identifier avec quelles start-ups à fort potentiel les équipes collaborent déjà. L’équipe digitale des Sports me parle de PlayPlay qu’ils utilisent depuis quelques mois pour créer une partie de leurs contenus sociaux. J’appelle Thibaut et quelques semaines plus tard, PlayPlay intègre la première promotion de notre accélérateur, basé à Station F.

Hervé (ex-Digital Sport TF1) : Thibaut est un de mes meilleurs amis, on a lancé le Festival La Lucarne ensemble. Donc chez TF1, j’avais parlé de lui à Florence.

Thibaut : l’accélérateur de TF1 à Station F a été un tournant. Le lieu est immense, avec des centaines de start-ups, ça force l’ambition. Je ne participe pas trop aux événements et conférences, mais j’en profite pour rencontrer des entrepreneurs, des investisseurs. Le fameux “écosystème” qui paraît flou devient peu à peu plus concret…

Aude (première employée, motion designer) : PlayPlay, c’est ma première vraie expérience professionnelle. Au début, à Station F on était cinq, et j’étais très loin d’imaginer qu’on allait faire un tel chemin ensemble, aussi rapidement !

Dasha (deuxième employée, motion designer) : j’ai d’abord réalisé un projet en freelance, puis Thibaut m’a proposé de rejoindre PlayPlay en CDI. Après quelques hésitations j’ai décidé de me lancer dans l’aventure PlayPlay que je continue à vivre jusqu’à aujourd’hui sans regret !

Aurélien : pour moi Station F c’est une période plus compliquée. Clém et Thibaut carburent côté commercial, mais techniquement il faut suivre, et c’est rude. Janvier 2018, c’est le mois le plus long de ma vie…le match à l’extérieur sous la pluie où tu n’as pas de ballons…On avait des problèmes avec les alphabets étrangers, avec des désynchros audios…les clients commençaient à grincer des dents… A cela s’ajoutent des problèmes perso…bref je gamberge parfois mais je n’en parle pas trop à Thibaut et l’équipe, ce n’est pas le moment de lâcher.

Lever ou ne pas lever ?

Thibaut : en plus de nous “héberger” à Station F, TF1 nous propose un super accompagnement : on intègre le réseau RAISE et on nous met aussi dans les mains des coachs de l’Atelier BNP paribas (désormais Roland Berger Tech Venture) qui challengent notre stratégie. C’est une rencontre clé car c’est avec eux que je décide de lever des fonds.

Emmanuel (ex-Atelier BNP) : dès les premiers échanges, on voit tout de suite que PlayPlay a du potentiel. Il y a de la place et Thibaut fait preuve d’une excellente exécution, son principal problème à l’époque c’est d’onboarder les clients signés à la pelle tant le produit convainc. Des start-ups, on en voit passer des dizaines et à ce stade de développement ce sont eux qui m’impressionnent le plus. Mais Thibaut n’est pas en mode start-up justement, il hésite…on lui dit “ce que vous avez c’est bien. Mais votre marché est concurrentiel et il y a beaucoup d’innovation. Tu dois lever des fonds pour accélérer et prendre le marché!”.

Thibaut : le succès plus rapide que prévu de PlayPlay nous a fait revoir nos ambitions à la hausse. Je réunis l’équipe, je leur dis : “On a deux options : soit on fait une petite boite, soit on tente la grande aventure et pour ça il faut lever des fonds. Attention, la grande aventure c’est beaucoup plus risqué !”. Unanimement, on se dit tous go pour la deuxième option.

Clément : l’idée c’est de vivre une grande aventure entrepreneuriale ! On n’a jamais rêvé de lever des fonds pour lever des fonds… Notre objectif c’est de mener un projet auquel on croit, le plus loin possible tout en prenant du plaisir à le faire tous ensemble. En bref, l’objectif c’est la Lune.

Emmanuel : on aide Thibaut à faire son deck et on lance les intros auprès des fonds d’investissement.

ça change de notre 8m2

Une levée de Seed en 3 semaines top chrono

Thibaut : dans les premiers rendez-vous, je rencontre Antoine Freysz de Kerala et je me souviens que le soir je dis à ma femme “c’est la personne la plus intelligente que j’ai jamais rencontrée…bon mais pour PlayPlay je n’y crois pas trop, Kerala est très très sélectif”.

Au début, je ne contacte pas Point Nine en me disant que c’est “trop haut” pour nous, fonds international, hyper SaaS… Finalement, Stéphane Marnot (merci !) me fait une intro à Louis Coppey, qui me répond très vite et me fait rencontrer Christoph Janz (le patron du fonds) qui est de passage à Paris…

Et finalement, avec Kerala et Point Nine, les rendez-vous s’enchaînent ! Tout va très vite, en 3 semaines j’ai plusieurs offres dont celles de ces deux fonds que j’avais mis tout en haut de ma liste. Comme quoi, il faut toujours viser plus haut, sur un malentendu ça peut passer.

Antoine (Kerala Ventures) : j’appelle mon associé Marc, je lui dis “j’ai rencontré PlayPlay, ils sont top !”. On sent que beaucoup de fonds vont vouloir investir et avec Marc et Olivier on décide d’aller très vite. On observe une chose simple : en B2C la vidéo est partout, en usage B2B elle est (presque) nulle part. Pourquoi ? Du coup, on « achète » vite l’existence d’un énorme potentiel marché. On se dit que les marketeurs, communicants etc… des entreprises n’ont pas besoin d’une technologie, ils ont besoin d’une technologie ET d’un savoir-faire purement B2B. Et d’une solution pour créer les meilleurs vidéos, qui servent leurs objectifs de communication interne, externe, recrutement etc… Eh bien leur réponse sera PlayPlay ! Rendez-vous après rendez-vous, Thibaut, Clément et Aurélien livrent de grands matchs. Parmi d’autres qualités, nous notons chez eux une vision exceptionnelle, une sensibilité (presqu’une anxiété — ce qui est extrêmement positif pour nous) à la satisfaction client et des capacités d’écoute et de développement rares.

La levée de fonds est très concurrentielle, avec Marc nous sommes tendus mais c’est une compétition que nous aimons ! Puis Thibaut nous dit « je veux un deal avec Point Nine et vous ». Il pimente sa négociation de comparaisons footballistiques (“Kerala, c’est un petit club mais aux performances exceptionnelles”). Thibaut touche la corde sensible, depuis des années j’assomme mes entrepreneurs de parallèles sportifs plus ou moins pertinents ! Avec lui, nous venions de trouver notre maître en la matière. Mais surtout d’entrer dans la formidable aventure PlayPlay ! Aux côtés aussi de Point Nine dont nous découvrirons rapidement le niveau exceptionnel des équipes comme du réseau d’entrepreneurs.

Louis (Point Nine) : j’ai d’abord été très impressionné par les chiffres de PlayPlay mais j’étais assez perplexe sur le marché. Pour être transparent, on a même échangé deux trois mails avec Thibaut avant de faire un premier meeting parce que j’avais besoin d’être convaincu.

En étant les premiers investisseurs de Typeform ou de Loom, je me dis qu’il y a un pari intéressant à prendre en se reposant sur les ingrédients qui font le succès de ces deux sociétés : la simplicité du produit, la qualité du rendu vidéo et la viralité de ces vidéos dont on pouvait espérer qu’elles serviraient à attirer des nouveaux clients sans dépenser trop d’argent en sales ou en marketing.

Mais surtout, je me souviens de ce premier rendez-vous à Station F sur un coin de table où je me dis qu’au delà du produit et du marché, Thibaut est un entrepreneur spécial. Il n’est pas “l’entrepreneur tech” traditionnel mais c’est le “capitaine d’une équipe de football” qui saura fédérer autour de son projet avec un niveau d’ambition qui ne demandait qu’à être nourri au fur et à mesure de l’aventure de PlayPlay. J’ai confirmé cette intuition en allant voir son équipe — je me souviens m’asseoir derrière Aurélien et Daria pour comprendre comment ils codaient leur motion design.

On a rajouté un slide sur la viralité dans le deck du Seed et nous avons convaincu le reste de l’équipe de Point Nine, Christoph le premier, d’investir dans une boîte avec un produit très rudimentaire, sans CTO. Une première dans l’histoire de Point Nine, une première qu’on ne regrette pas…!

Thibaut : en fait je découvre maintenant que Louis m’a fait modifier mon deck pour qu’il puisse convaincre son équipe en interne !

Un deal conclu chez Franprix

Thibaut : la signature de cette levée je ne l’oublierai jamais. C’était en plein Vivatech 2018, où l’on avait un stand. Plusieurs fonds m’appelaient ou venaient me voir pour formuler des offres !

J’avais envie de signer avec Point Nine et Kerala et les deux avaient l’air aussi motivés, mais il fallait trouver le bon deal. On s’est mis d’accord avec Louis autour d’une pizza entre midi et deux et pour finir j’ai fait ma négo et signé avec Kerala sur les tables à manger du Franprix de la porte de Versailles ! Au bout de dix minutes, Antoine et Marc m’ont dit “Peux-tu sortir quelques minutes, il faut qu’on réfléchisse”. Je me suis assis sur le banc de l’arrêt de bus. Au bout de deux minutes, ils sont arrivés et on s’est tapés dans la main. J’avais bouclé ma levée.

Le soir même, Samuel Umtiti allait casser la démarche

Marine (avocate chez Bold) : le closing de cette levée je ne suis pas prête de l’oublier. On accompagne Thibaut depuis la création de la boite, on a adoré les coacher pendant la levée, on adore le projet, la capacité de Thibaut à chambrer…Vincent (avec qui on bosse sur la levée) et moi, on aime tous les deux le foot et la compet’ comme Thibaut. On fait le closing le 10 juillet, il fait 35 degrés, l’ambiance est électrique, on est en demi-finale contre la Belgique le soir même. Je suis stressée comme avant chaque match des Bleus en phase finale. Le closing se passe super bien. On est ravis pour Thibaut et toute la team PlayPlay. On n’attend plus que le ticket pour la finale.

L’après “Seed” ou comment devenir une start-up B2B SaaS.

Louis (Point Nine) : les premiers mois après une levée de Seed sont assez cruciaux parce que c’est le moment où il faut structurer beaucoup de sujets fondamentaux qui définissent la trajectoire de la société: l’équipe, le pricing, le modèle de distribution, le monitoring du business, le management et s’assurer d’avoir le bon niveau d’ambition. Il y avait énormément de chantiers mais chaque board et chaque workshop me donnaient l’impression qu’on allait dans la bonne direction.

Marc & Antoine : les premiers mois de travail avec PlayPlay ont été particulièrement riches car les fondateurs sont très rapides et attaquent de front tous les sujets : recrutements clés, refonte du BP, mise à plat des KPIs… et gardent en parallèle une croissance de 15% par mois.

Thibaut : à ce moment là, je n’ai jamais autant progressé de ma vie. Les boards durent 3h et quand on finit, on est rincés avec Clément. Je me mets aussi à lire beaucoup d’articles, à écouter des podcasts…Je découvre que beaucoup de start-ups sont passées par les mêmes étapes avant nous, se sont posées les mêmes questions…il y a des “playbooks” disponibles, il faut savoir s’en inspirer.

Recruter des inconnus

Thibaut : jusqu’à présent, j’avais recruté les meilleures personnes que je connaissais. Maintenant, il faut recruter les meilleurs que je ne connais pas ! A ce stade, chaque personne qui nous rejoint va avoir beaucoup d’impact, à la fois sur notre exécution et notre culture.

Alex (CTO) : un peu avant la levée, Thibaut m’envoie un texto “Alex, ça te dirait de venir chez PP à plein temps ?”. Du tac au tac, je réponds non ! J’adorais mon job, j’étais chez Neoxia depuis 7 ans, j’avais recruté une partie de l’équipe… Et puis je pars en vacances, je cogite et je me rends compte que c’est le projet le plus excitant sur lequel j’ai travaillé. J’y vais.

Marc : on le savait en investissant chez PlayPlay, l’équipe devrait se renforcer considérablement en “Product”. Il se trouve que chez Kerala, un de nos appuis forts est d’aider nos fondateurs à construire des équipes de All-blacks. Nous passons près de 25% de notre temps à rencontrer des profils exceptionnels en vue de favoriser leur venue dans les start-ups de notre portfolio. C’est exactement ce qui s’est passé le vendredi 1er juin 2018 (avant même d’avoir finalisé l’investissement !) lorsqu’un ami m’a introduit à Pauline qui revenait de San Francisco et travaillait dans une autre start-up à Paris en tant que Head of Product. Après avoir pris un café avec Pauline, je lui ai dit : “Il faut absolument que tu rencontres Thibaut”.

Pauline (Head of Product) : après 5 ans à San Francisco et une expérience en France chez Balinea, j’avais envie de changement. Je cherchais un produit sympa, un projet très ambitieux et un.e founder inspirant.e. Je rencontre Thibaut autour d’un verre et j’ai un triple coup de coeur.

Thibaut : coup de coeur mutuel, je voulais absolument que Pauline vienne. Moi je suis le gars qui a beaucoup d’idées produit, mais sans aucune compétence pour les transformer en un plan et une roadmap. Pauline était mon complément parfait : une machine d’organisation et d’exécution pour transformer une bonne idée en un bon feature, livré dans un bon délai. C’est aussi une passionnée, qui a su créer une culture produit très forte autour de nos utilisateurs.

Enfin dans “nos” bureaux

Thibaut : en septembre 2018, on quitte Station F pour le Sentier, où on s’installe dans un co-working pas cher, un peu “dirty” mais où l’on est complètement indépendants. Je voulais tout sauf l’esprit WeWork, j’ai été servi. Là on commence à vraiment ressembler à une start-up, on est rapidement 15–20, on a nos bureaux, notre cuisine, notre mini table de ping-pong, c’est excitant, les choses avancent vite.

Aurélien : on se fait un premier séminaire, enfin “séminaire”…c’est 2 jours dans la campagne parisienne, mais on s’éclate vraiment. Chaque équipe présente des choses, on réfléchit ensemble au futur de PlayPlay…Sur un post-it quelqu’un écrit “En 2020, PlayPlay devient sponsor d’un club de Ligue 1” !

l’amour est dans le pré, saison 12

Battre son record chaque mois.

Thibaut : cette année et demi entre Seed et Série A a été vraiment très forte sur tous les points de vue. On recrute, on signe des deals, on structure les équipes, on créé nos process, notre culture…ce qu’on appelle notre “operating system”. On se met à avoir des objectifs trimestriels, des channels slack bien ordonnés, des meetings hebdo…j’y prends goût parce que je sens que tout ça c’est pour le bien de PlayPlay.

Clément : on tient notre business plan depuis le premier jour, on atteint les 50K€ de MRR, puis 100K€, puis 150K€ dans les “temps” qu’on s’étaient fixés. Et surtout nos clients sont hyper satisfaits ! Mais chaque mois la barre est plus haute, donc pas de relâchement possible…On gagne notre premier appel d’offres, notre premier client international, on franchit des paliers…ça pousse à se battre encore plus. On a aussi des mauvaises nouvelles parfois, on perd un deal, un client…ça aussi, ça pousse à se battre encore plus !

Shervan : quand j’ai quitté le Crédit Agricole pour Bouygues Immobilier, PlayPlay est une des premières solutions que j’ai mise en place. Au début, on s’en servait pour les réseaux sociaux, maintenant on l’utilise aussi pour notre site internet, pour nos événements, à l’accueil des bureaux…Leur produit n’a plus rien à voir avec la toute première version.

Alex : pour moi, la consécration c’est quand je tombe sur un résumé de l’étape du Tour en direct sur France 2 fait avec PlayPlay !

Aurélien : il faut savoir qu’Alex est fan de cyclisme donc forcément il a vraiment kiffé !

Juliette (Sales) : je suis la première Sales à rejoindre l’équipe de Clément. En vrai, je n’aurais jamais pensé être Sales. J’ai rencontré Thibaut chez Eurosport, j’ai été sa stagiaire avant qu’il ne lance PlayPlay. Je suivais l’évolution du projet, on s’appelait tous les deux mois…Et quand l’occasion s’est présentée je l’ai rejoint. Thibaut m’a présenté Clément autour d’un flipper au Gymnase, comme d’habitude!

Entretien final d’embauche pour Juliette

Gilliane (Head of People) : je travaillais au sein de Mention (start-up SaaS), c’était une aventure humaine très forte et enrichissante mais une fois la société vendue, j’ai eu besoin d’un nouveau challenge. Mes critères? Un produit innovant, une bonne culture et une super équipe. Thibaut m’a contacté à ce moment là, on a beaucoup échangé, j’ai rencontré l’équipe et ça a été un réel coup de coeur. J’ai rejoint l’aventure dans le but de tout construire : recrutement, talent & people management, culture, HR admin & juridique. Petit bonus, qui a beaucoup pesé dans ma décision, la diversité : la moitié de l’équipe managériale sont des femmes!

Sophie (Head of Customer Success) : j’arrive pour prendre en main le “Customer Success”. Je m’éclate rapidement car le produit est super simple, les clients l’adorent, l’ambiance est celle que je cherchais en venant ici. En 2019, on lance des initiatives un peu décalées, comme envoyer des cartes postales à nos clients pendant l’été…On en a reçu des dizaines en retour!

Chez PlayPlay, on a beaucoup d‘amis !

Domitille (Head of Marketing) : je suis la dernière arrivée dans le “codir”, en janvier 2020. J’arrive à un moment où la boîte est plus structurée : on est presque 40, il y a des managers seniors sur les rôles clés, le produit est au cœur de la machine, ça me rassure.

La culture PlayPlay

Thibaut : le plus important c’est de prendre du plaisir dans son travail et de progresser. On veut que chacun s’investisse, mais on ne demande à personne, jamais, de travailler soir ou weekend pour la gloire. On veut que les gens aient un bon salaire, qu’ils aient un bon équilibre pro/perso, et Gilliane veille à tout ça !

Gilliane : en six mois, nous avons doublé les effectifs en passant de 20 à 40 personnes ! Notre enjeu principal dans ce contexte de forte croissance est de protéger notre culture. Pour cela, nous avons travaillé sur la mise en place de process structurants à la fois côté recrutement et onboarding, et renforcé nos pratiques de feedback (points annuels et trimestriels).

Alex : je n’ai jamais eu un boss aussi exigeant que Thibaut et parfois c’est dur, c’est clair, mais je crois que c’est justement parce qu’on fixe la barre aussi haut qu’on prend tous énormément de plaisir à construire PlayPlay.

Pauline : chez PlayPlay on partage une valeur clé, c’est d’être humble individuellement et très ambitieux collectivement. En gros, on veut tous amener PlayPlay sur la Lune.

Aurélien : la force chez PlayPlay c’est “l’intelligence collective”, on partage énormément, on collabore entre équipes, on communique. Thibaut partage aussi beaucoup la vision et l’ambition de PlayPlay à tous les employés, de sorte qu’on est tous alignés et qu’on a tous envie de réussir.

Thibaut : au cœur de l’intelligence collective, on met nos clients. On a mis en place plein d’actions qui nous permettent d’être vraiment à leur écoute. Par exemple on fait des “pop-corn party” où l’on regarde des vidéos de clients et on essaie de comprendre comment on peut les aider à faire mieux. A ce stade, chaque choix produit est crucial. On a une seule équipe tech. Donc si on se lance une sur une “mauvaise” fonctionnalité (qui n’intéresse pas nos clients), on perd un temps précieux. Il faut être efficace.

Antoine (Kerala) : l’humilité est une valeur clé de PlayPlay c’est certain. Elle existe dans sa forme la plus “constructive” : en écoutant, en se remettant en cause, PlayPlay avance et vite. A chaque board je trouve que la start-up a franchi un réel pas dans la bonne direction. Une passion et une vision inspirante de la communication et ses tendances, des technologies vidéo et des médias sont aussi extrêmement présentes au sein des équipes.

Photo de classe

Road to Serie A

Thibaut : en décembre 2019, j’y pense de plus en plus, et je “cogite” beaucoup sur la vision….j’ai l’impression qu’on manque de quelque chose; on sait ce qu’on fera dans 3 mois, dans 6 mois…mais au final c’est juste “PlayPlay en mieux”. Petit à petit je forge une vision plus ambitieuse sur le produit, sur le rôle qu’on veut jouer pour nos clients et dans notre industrie en général.

A ce moment, je passe beaucoup de temps avec Clément, mais aussi avec Louis, notre investisseur, on se parle sur WhatsApp en permanence.

Louis : une de nos missions clés chez Point Nine est d’aider nos start-ups à lever des gros tours de Series A avec des fonds ambitieux, généralement anglo saxons, qui permettent aux sociétés de continuer à croître de manière exponentielle. Mais très peu de sociétés en Europe y arrivent et le niveau d’exigence est très fort. Il faut que tout soit parfait : les slides, le discours, les chiffres, la vision, l’équipe…On passe du temps à bosser chaque virgule.

Antoine : quand les discussions sur le niveau d’agressivité du plan de PlayPlay ont débuté en 2019, Marc et moi nous sommes vite fait une conviction : nous voulions réinvestir et voir arriver un top VC de Series A. La start-up a le potentiel pour créer un produit encore plus fantastique et équiper des dizaines de milliers de clients ; même si elle génère déjà du chiffre d’affaires, il lui faut des moyens supplémentaires pour attaquer !

Caye (Principal chez Balderton) : une de mes missions chez Balderton est d’identifier les meilleures start-ups en Europe, très tôt dans leur histoire. On avait connu PlayPlay tôt, et on avait trouvé le concept très intéressant. On a su rapidement que c’était Point Nine et Kerala qui finançaient le tour de Seed. J’ai alors discuté avec eux, surtout avec Marc, pour avoir une intro et rencontrer Thibaut rapidement après ce tour. J’ai beaucoup aimé la vision et le potentiel de l’équipe dès le premier meeting, et on a essayé, à partir de là, de se donner des nouvelles tous les 3 ou 4 mois…Enfin, c’est souvent moi qui prenais des nouvelles et Thibaut qui ne répondait pas forcément au premier mail… mais je n’ai pas lâché ! L’évolution du produit, de la vision, et de la traction d’un meeting à un autre était impressionnante… and the rest is history !

Thibaut : je lance les premiers rendez-vous en février. Je discute avec plusieurs fonds US, anglo-saxons et quelques français. Rapidement, Balderton fait partie de mes “favoris” : ils me connaissent et suivent PlayPlay depuis longtemps, ont une réputation de classe mondiale et un “track-record” impressionnant avec leur portefeuille de start-ups. Je rencontre Bernard Liautaud et Suranga Chandratillake, deux partners de Balderton qui ont chacun créé et amené leur start-up en bourse…forcément ça inspire. Puis je rencontre Rob Moffat, qui deviendra notre partner : il croit à PlayPlay, il creuse beaucoup le sujet et ça me plait. Il vient à Paris rencontrer l’équipe.

Rob Moffat (Partner chez Balderton) : we believe PlayPlay can redefine how companies communicate, blending the emotion of video; the ease of creation of Powerpoint and the quality of a professional agency. We have been following PlayPlay closely since their seed round and while we ended up closing remotely Thibaut had already met most of our partners 1:1. We are particularly impressed by the quality of team they have put together and the adoption by enterprises and SMEs alike.”

Marine : la Série A, je suis sûre que je ne l’oublierai jamais. On est début mars, Vincent -mon collègue- et moi, on en parle depuis un petit moment avec Thibaut et on est hyper excités à l’idée de faire la Série A et d’être aux côtés de PlayPlay pour cette nouvelle étape. Thibaut reçoit la term sheet et là, c’est l’effondrement des bourses et les annonces de Macron, inimaginables 10 jours plus tôt. C’est le coup de boule de Zizou en finale qu’on n’aurait pas pu imaginer dans nos pires cauchemars. On fait quoi après ? D’abord, on gère l’urgence : la signature de la term sheet et la gestion du départ en confinement des uns et des autres. Et ensuite, on met le turbo pour aller le plus vite possible. On a fait le deal en un temps record et PlayPlay close en plein confinement !

Et maintenant ?

Dernière photo avant distanciation sociale

Juliette : aujourd’hui on a plus de 300 clients, qui font 40 000 playplays par mois. Parfois je vais sur Insta je vois un playplay, sur LinkedIn je vois un playplay et en rentrant chez moi sur un écran dans la rue je vois un playplay, ça fait quelque chose !

Pauline : notre mission c’est de rendre autonomes les équipes comm, marketing et réseaux sociaux dans leur création de contenu vidéo, tout en garantissant la très haute qualité des vidéos. On a des idées plein les cartons pour encore plus les satisfaire et sans en dire plus, on voit beaucoup plus loin que ça !

Thibaut : cette levée va nous permettre d’accélérer sur nos deux forces. D’abord, investir dans notre produit et pour ça recruter les meilleurs talents pour créer une équipe tech et produit de classe mondiale.

Et ensuite accélérer notre croissance en s’attaquant à de nouveaux pays. Forcément le Covid chamboule un peu nos plans, mais sur le long terme, on veut proposer PlayPlay en Europe et aux Etats-Unis et ça passera par une présence sur place. Le besoin est là, et notre produit y répond mieux qu’aucun autre aujourd’hui.

Gilliane : et bien sûr, on recrute ! On cherche des talents que ce soit côté tech (front, back, creative developer), produit (UX, UI), sales et marketing. Si vous voulez rejoindre une équipe incroyable et une culture unique, PlayPlay est fait pour vous!

Clément : ce n’est que le début, on a fait, allez…5% du chemin !

Note de Thibaut : évidemment, beaucoup d’autres que les 25 contributeurs de cet article ont participé au développement de PlayPlay depuis trois ans, je pense en particulier à tous les employés, à nos partenaires, nos clients et nos familles.
Un très grand merci à tous, et comme dirait Lilian Thuram, on lâche rien rien rien !

Si vous souhaitez échanger : thibaut@playplay.com

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